Nous voici donc à notre second cours sur Constantinople. Pour l’instant, les enfants suivent avec entrain l’histoire de cette période qu’ils connaissent peu.
Nous poursuivons donc avec l’empereur Justinien. Cet homme était très peu apprécié par son peuple. Même ses généraux ne le portaient pas en estime, car il avait fait passé devant eux Belisaire etMundus, deux hommes à lui, pour livrer des guerres en son nom à travers le monde. Son précepteur et ami fidèle, Jean de Cappadoce, semblait lui aussi être haï par les deux couches opposées de la société. Les riches et les sénateurs lui reprochaient d’être à présent imposés, tandis que les plus pauvres n’appréciaient pas le fait que lui et Justinien leur enlèvent leurs dernières distractions…
En effet, les fêtes du vin et du pain avaient été annulées et le peuple venait d’apprendre que l’hippodrome n’accueillerait ses jeux et courses de chars que durant une semaine. La colère commençait à gronder et des manifestations avaient été signalées à l’empereur. Sept fauteurs de trouble furent arrêtés et condamnés à être pendus, mais la corde de deux d’entre eux se rompit. La foule vit en cet événement un signe divin et aida les deux réchappés à s’introduire dans l’église Saint Laurent autour de laquelle les soldats faisaient bonne garde.
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Voilà dans quel état d’esprit se trouvait le peuple gagnant les gradins flambants neufs de l’hippodrome, ce jour d’inauguration.
Justinien, lui même, se trouvait là, paré de sa toge pourpre, dans la loge impériale. Après avoir acclamé leur empereur, certains se risquèrent à demander grâce pour ces deux hommes que Dieu lui même avait épargné. Mais malgré l’engouement de la foule, Justinien ne prêta pas d’attention à cette requête. Quand les courses furent terminées, les ennemis de l’empereur se mêlèrent avec fourberie à la foule qui se dispersait, insinuant que le comportement de leur empereur était néfaste. Alors, déchaînée, elle se rua vers l’église, tua les soldats et délivra les deux captifs.
Ce succès encouragea les rebelles qui ouvrirent les prisons et propagèrent un incendie dans la cité. Ainsi, le sénat et même Sainte Sophie brûlèrent…
Le lendemain, le peuple demanda la démission du précepteur, que Justinien, malgré ses réticences, finit par accorder. Le peuple avait découvert sa force, et les émissaires des sénateurs, comme la veille, poussèrent la populace menaçante à la révolte. Toute la nuit, les soldats furent en prise avec le peuple. Le lendemain, Justinien donna donc rendez vous aux mécontents, et pris la parole dans l’hippodrome. Il reconnu que tout était sa faute et réclama à présent que le calme revienne à Constantinople. Mais, le peuple criant » Nika! Nika! Victoire, Victoire! » ne voulait plus rien entendre…
Les riches propriétaires terriens des alentours envoyèrent des troupes armées pour grossir la révolte. De son coté, Justinien dépêcha un messager afin que ses plus fidèles amis et généraux, Belisaire et Mundus rentrent dans le but de le protéger.
Les chefs de la rébellion se réunirent alors, et prirent une décision capitale. Le renversement du pouvoir actuel allait avoir lieu. Ils choisirent Hypatius, le neveu d’un précédent souverain, qui fut emmené presque contre son gré à l’hippodrome pour y être proclamé empereur. Ce qui est curieux, c’est que l’on ne sait pourquoi il a agit ainsi. Mais Hypatius, envoya un messager afin de prévenir Justinien de ce qui se tramait dans son dos. Le messager d’Hypatius croisa un des secrétaires impériaux et ce dernier lui annonça qu’il pouvait repartir car Justinien et ses amis avaient déjà quitter le palais fuyant à bord d’un bateau, ce qui bien entendu était faux.
Malgré tout, Justinien en grande conférence avec ses hommes n’avait pas encore pris la décision de partir ou de rester. Jean de Cappadoce et Belisaire étaient partisans de s’enfuir avec tout l’or du trésor et de fuir par la mer. Justinien écoutait en silence quand Théodora son épouse, se leva. Il faut savoir qu’à cette époque, il était contraire au protocole, qu’une femme puisse prendre la parole devant une assemblée d’hommes.
Elle dit solennellement que sa place était de rester au palais afin de faire face à cette révolte, et que si son époux décidait de partir, elle resterait seule et assurerait ses responsabilités. Justinien, fut galvanisé par ce discours et décida de rester.
Le combat fut donc engagé, et une terrible après midi s’annonça. Plus de 30 000 personnes périrent ainsi sous les glaives, tandis que le sang recouvrait le sable de l’hippodrome…
Le pauvre Hypatius, lui même, fut retrouvé mort quelques jours plus tard. Justinien fut vainqueur mais il se montra clément envers les prisonniers, se souvenant de ses promesses publiques, et alla jusqu’à leur pardonner ainsi qu’aux sénateurs qui avaient complotés contre lui.
Reprenant le pouvoir, il ne demanda plus l’avis du sénat, se méfiant cette fois ci, lui préférant un conseil privé où il choisit des hommes de confiance.
Justinien fît rebâtir entièrement la ville d’Antioche, et toutes les autres villes de l’empire bénéficièrent d’un « programme de construction de Justinien ».
Cependant Constantinople fut la plus privilégiée. L’église Sainte Sophie fut totalement reconstruite, avec magnificence et générosité, car elle avait été ravagée par le feu. Plus de 10 000 ouvriers aux bras de 200 contremaîtres réussirent le pari fou de l’empereur! Elle fut inauguré en 537.
Elle reste encore aujourd’hui, une splendeur d’architecture!
On peut ajouter à la gloire de Justinien, son code! Le code Justinien reprend depuis zéro les grandes lois romaines, et aidé de Tribonien il le nomma le « Corpus Juris ». Il put être publié douze mois après sa commande. Des siècles plus tard, avec l’invention de l’imprimerie, ce code fut édité en Europe et inspira de nombreux législateurs.
Le règne de Justinien fut sans conteste le plus brillant de l’histoire byzantine. Il mourut en 565.
Ce cours, un peu long a beaucoup plu aux enfants et surtout à Flo!
