Nous lisons tous ça dans les journaux...Une agression dans l'indifférence totale...Les gens ont peur ou refusent de réagir, ou bien encore mettent en doute vos dires pour ne pas assumer leur propre lâcheté. Aujourd'hui, c'est ma famille qui a été touchée par cette violence extrême. Je suis une mère prudente, très prudente...mon ancien métier de flic m'a mené à me méfier de toutes attaques extérieures. J'ai, pour cette raison, toujours protégé mes enfants. Je les accompagne toujours partout, non que je ne leur fasse pas confiance, mais mon rôle est aussi de les protéger et de les aider en toutes circonstances. Florian est bientôt âgé de 16 ans, Tristan en a 14, et il est vrai qu'ils émettent parfois le souhait d'aller s'entraîner au foot seuls entre gars. J'ai donc donné mon accord...Les quatre moyens de la fratrie sont donc partis, téléphone en main, pour jouer avec leur ballon à trois rues de notre maison. Je vous en parlais dans mon billet précédent, cette aire de jeu touche ce joli parc municipal.
Sur place, des jeunes ont un peu taquiné le ballon avec eux, proférant quelques insultes passagères à leur encontre.Certains jeunes aujourd'hui, s'expriment de cette façon étrange. Mes fils ont des défauts, comme tout le monde, mais sont toujours interloqués par ce genre de vocabulaire. L'instruction en famille et notre éducation basée sur le dialogue ont certainement joué et cela leur a apporté beaucoup plus de valeurs, je le sais. Après ces mots vulgaires sont venus les coups d'épaules. On se pose alors la question de savoir pourquoi mes garçons n'ont ils pas décidé de quitter les lieux? C'est alors que l'un des jeunes leur dit soudainement de "dégager". Florian ne comprend pas cette agressivité, il veut discuter calmement...Il m'expliquera ne pas vouloir être lâche, il n'avait rien fait de mal, et ne voulait obéir à des réactions violentes à leurs égards. Il refuse donc de partir en disant
tout simplement non...C'est alors qu'un jeune, monte en pression, en quelques secondes, assénant un coup de poing à Tristan qui pourtant n'avait dit mot. Florian, choqué, tente de défendre son frère, mais le jeune lui envoie à son tour deux coups de poing près de l’œil. Un autre crie et pousse à la bagarre. Tristan reprenant ses esprits retient Flo de se défendre, le tirant en arrière afin de partir. En effet, derrière eux, mes deux plus petits, sont pris de panique. Nathan est apeuré et pleure, tandis que Quentin tente de m'appeler mais n'arrive pas à composer mon numéro...
Florian parviendra enfin à me téléphoner. Je saute dans la voiture pour venir au plus vite et je découvre mes garçons choqués et traumatisés par cette violence inouïe.
Où sommes nous? Dans quel monde vit-on? Je passerai sur ma visite au commissariat locale, ou j'entendrai "oui, une égratignure" alors que mon fils a la joue en feu et le coin de l’œil tuméfié de rougeurs...
J'ai alors repris ma voiture et après plus d'une heure et demi de recherche dans la ville, nous avons, avec les enfants, retrouvé un des agresseurs. Malheureusement, le jeune qui avait porté les coups m'a échappé...
Je suis souvent impulsive, entière mais je fais partie des gens qui ne se tairont pas! Nos enfants ne peuvent donc plus s'amuser sans être agressés? Tout le monde s'en fout! Tout le monde passe son chemin, tourne les yeux et tous refusent d'agir! Quatre jeunes filles ont assisté à la scène...Lorsque je leur ai demandé pourquoi, lorsque je leur ai expliqué que c'était mal et qu'il fallait penser aux autres, une seule a réagit, les autres semblaient même ne pas comprendre la gravité de ces faits, comme si tout ça était acceptable...Comment ces enfants peuvent ils en arriver là? Où sont passés ces valeurs, la bonté, le respect, la politesse mais surtout l'amour et la compassion...Je parle de ces jeunes mais les adultes aussi ont perdu toute humanité. J'entends encore les mots de cet enquêteur s'adressant à moi et parlant de l'affaire, alors que le jeune homme retrouvé avait confirmé les faits , "ça c'est vous qui le dites madame!". Nous nous sommes sentis seuls. Même eux, ces collègues qui auraient pu être les miens, ne comprennent plus rien à rien...Quelle tristesse...
Malgré tout, nous formons ensemble une unité, mais qu'il est triste de savoir que dehors le danger est permanent. Florian aurait du partir, oui. Mais il a également eu raison de rester, oui. Ne pas se cacher, ne pas se laisser intimider, nous avons tous le droit de vivre heureux. Qu'attendons nous, tous, pour réagir et aider notre prochain? Qu'attendons nous, tous, pour nous aider face à ceux qui usent malhonnêtement de leur pouvoir? La peur décide de nos réactions, certes, mais tous ensemble nous serions plus fort. Si les jeunes filles avaient réagit, si l'homme qui promenait son chien avait réagit, si la maman qui joue avec son enfant avait appelé la police, si chaque maillon de la chaîne avait réagit, mais il n'y aurait plus d'agressions! Quand l'humain comprendra t-il cela?